Avant tout chose, oui je portais un pantalon. Je n'interviewais pas les groupes avec comme simple redingote ma casquette, mon tee-shirt et mon appareil reproducteur bringuebalant dans les allées de la zone VIP. Maintenant que ce point est clarifié, si tu débarques ici sans avoir lu la première partie, ou écouté le premier épisode dans sa version podcast, je t'invite à le faire. Voici les liens :
Dans cette première partie, j'expliquais comment j'en suis venu à interviewer des groupes au Hellfest, ma démarche et le déroulement de chaque entretien.
Si tu t'en fous royalement et que tu veux simplement voir ce que les trois nouveaux groupes ont à dire sur les séries, alors ne bouge pas, tu es au bon endroit. Tu vas devoir toutefois attendre un peu pour découvrir qui sont les trois nouveaux groupes et ce qu'ils ont à dire car j'ai bien envie de parler de mon expérience au Hellfest.
Tu as beau t'en foutre, le clavier étant entre mes mains, je fais ce qu'il me plait. Et figure toi que je vais prendre tout mon temps et écrire ces quelques lignes sur le Hellfest 2022 tout en me caressant. Je viens juste d'enfiler les bas en soie de ma grande tante Simone et l'excitation est à son paroxysme. Alors, que comptes-tu faire ?
Marie-Constance : "Vos déviances n'ont d'égal que votre perversion. Ces pratiques hérétiques ne vous ouvriront certainement pas les portes du Paradis. Ô Seigneur vient en aide à ce pauvre pêcheur avant qu'il ne soit trop tard."
Alors, il y a de l'idée, mais implorer une quelconque divinité me semble légèrement exagéré. À ta place je n'emprunterais pas la même voie que ma bigote préférée, Marie-Constance. Je t'invite plutôt à sauter quelques paragraphes et on se retrouve pour parler séries TV avec Seth, Abrahma et Exocrine.
Hellfest, haut lieu de la musique métal
Comme je l'expliquais dans la première partie, qu'on aime ou qu'on déteste le Hellfest, on ne pas nier qu'un séjour en son sein est une véritable expérience sensorielle. Rien qu'entre le bruit et l'odeur, comme disait maladroitement feu notre ancien Président, on en prend plein les esgourdes et les naseaux. Une expérience qui va même au-delà et met tous nos sens à contribution.
C'est à travers les cinq sens que je vais donc te parler de mon séjour à Clisson.
Décibels et tintamarre
Quand on se rend dans un festival de métal, on sait bien que c'est pour bouffer de la saturation, des riffs lourds et des growls à s'en faire saigner les oreilles. C'est évident, mais il est bon de rappeler que ce n'est pas de la musique de relaxation. Après, chacun se relaxe avec la musique qu'il veut ! Pour ma part, j'aime me détendre avec du Wardruna, du Agalloch, du Year of No Light ou du Cephalic Carnage...
Concrètement, c'est le bordel sonore sur le site et aux abords, et c'est bien normal. Le son des groupes, qui se produisent sur chaque scène (3 scènes jouent en même temps à des endroits espacés du fest), se couple aux cris et brouhahas incessants du public. Il faut dire que ça pullule dans tous les sens sur le festival.
Il est certes difficile de trouver un endroit au calme, mais en attendant on n'est pas venu pour enfiler des perles. Ça fait partie de l'ambiance et voir toute une communauté de fans de musiques amplifiées s'égosiller devant son artiste préféré c'est un réel plaisir.
Sueur et fumet
À l'instar de n'importe quel festival ou concert, le Hellfest fait bonne figure et nous offre son lot d'odeurs.
Les premières heures, voire la première journée se démarque surtout par les odeurs provenant des stands de bouffe. À noter que le Hellfest s'est grandement amélioré de ce point de vue-là, on y reviendra plus loin. Quoiqu'il en soit, les différents fumets qui émanent de ces stands n'ont de cesse que d'émoustiller tes papilles.
Au fil des heures, à ces bonnes fragrances s'entremêlent assez vite des senteurs plus spécifiques, un peu plus aigres, bref moins alléchantes et qui piquent les narines. C'est ainsi que l'alcool, la sueur et les odeurs de pisse (et oui au bout de 3 jours, les toilettes empestent vraiment sur le site) viennent émoustiller tes sens et te proposent un florilège de parfums tous plus exquis les uns que les autres. De quoi raviver les souvenirs lorsque tonton Francis et ses copains du PMU finissaient à la maison le dimanche soir.
Finalement on en a rien à foutre de ces odeurs nauséabondes. Car se retrouver dans la fosse avec ces relents de sudation et de bière devant un bon concert de Down, rien de tel !
Saveurs et papilles
Que tu sois viandard, fan de fromage, végétarien, adepte de plats exotiques ou de plats de notre terroir, il y a de quoi se mettre sous la dent au Hell's Food Court. les stands ne manquent pas et les équipes du festival ont vraiment écouté les festivaliers ces dernières années. Chacun y trouvera son compte. Il faut certes être patient pour obtenir son plat, qui est parfois un peu cher, mais l'attente vaut le coup. Je n'ai jamais regretté les menus que j'ai choisis.
Mes coups de cœur gustatifs : Wrap végétarien, tourtes et glaces. Ces dernières étaient d'ailleurs salvatrices alors que la canicule frappait Clisson.
Contact et Pogo
Bon on ne vient pas au Hellfest pour se regarder dans le blanc des yeux. Sans vouloir en découdre à coups de pompes dans la gueule, on vient toutefois pour chercher le contact dans la fosse.
Là-dessus, difficile d'être déçu. Sans chercher la rencontre tactile extrême lors d'un mosh pit, d'un circle pit ou d'un wall of death, la promiscuité est inhérente à l'environnement. Que tu le veuilles ou non, épaules, genoux, cheveux, mains et autres parties corporelles de ton voisin entreront en contact avec toi. Le tout est bien entendu que ce soit fait sans idées coquines ou déplacées.
Donc à tous les connards qui profitent allègrement de cette foule pour balader leurs mains de gros porcs ici et là sur des corps non consentants, allez vous tripoter la bite avec une éponge abrasive. Du grain 40 ou 60, ça devrait le faire !
Des étoiles plein les yeux
Terminons avec ce qu'offre à voir le Hellfest.
Si tu t'intéresses un tant soit peu à ce festival, tu as à coup sûr entendu cette assertion : "Le Hellfest, c'est le Disneyland du métal". Affirmation à laquelle j'ai envie de répondre "c'est pas faux".
En effet, le Hellfest a la particularité d'offrir à ses festivaliers une expérience immersive dans le monde merveilleux du métal. Sur un même site, se côtoient les différentes scènes sur lesquelles se produisent les groupes et une multitude de stands en lien ou non avec la musique métal. Tu peux trouver le market place pour acheter CD, vinyles et vêtements à l'effigie de ton groupe préféré, mais aussi des exposants et prestations comme barbier, tatoueur, bars, matériel informatique, matos de musique et tout un tas d'autres trucs. Est-ce vraiment utile ? Surement pas ! Est-ce sympa et est-ce que ça contribue à l'immersion ? Oui je le pense.
En plein milieu du site, tu trouves également une grande roue. Oui une grande roue, comme à la fête foraine. Et c'est certainement cette installation qui a cristallisé toutes les attentions négatives. Franchement, en quoi ça fait chier qu'il y ait une grande roue ? Ça ne te plaît pas ? Tu n'y vas pas. Personnellement, je n'y suis pas allé, mais c'est plus par manque de temps que par manque d'envie.
Enfin, pour agrémenter le tout, des décors très réussis parsèment le site pour offrir au public une expérience unique. À tout ça, s'ajoutent des spectacles, des jeux de lumières, ou encore un feu d'artifice. Bref de quoi t'en mettre plein les mirettes et te dépayser le temps de quelques jours. Et si ce n'est pas assez "trve" pour toi, arrête de râler, va te taillader les veines devant Mayhem et laisse les autres profiter.
En résumé, le Hellfest est avant tout une expérience. Certes, il ne prévaut en aucun cas un concert dans une salle ou un bar de ton bled. Pour ma part, je préfère ces ambiances plus proches du public et qui font vivre des lieux de nos villes. Il reste que le format festival permet de réunir en un même lieu des groupes aux genres assez différents, bien qu'ils évoluent sous le même étendard qu'est le métal. Il offre un instant assez magique durant lequel le public se réunit pour partager une passion commune, le tout avec bonne humeur et bienveillance, dans la très grande majorité du temps.
Pour creuser le sujet du Hellfest, je t'incite vivement à écouter l'interview de Ben Barbaud, son créateur, que tu trouveras sur l'excellent podcast Le Secret des Dieux. N'hésite pas à parcourir les autres émissions du podcast car les sujets et les intervenants sont passionnants, en tout cas si on aime la musique métal.
Je te laisse en complément d'autres liens sur lesquels tu trouveras des reports du fest faits par des connaisseurs : Metalorgie, Musinc, YCKM, Radio métal...
Trêve de blabla, et partons à la rencontre d'Abrahma, Seth et Exocrine pour parler séries télévisées.
Abrahma, quand Derrick s'immisce dans The Wire
Abrahma en quelques mots
Abrahma est né en 2011 sur les cendres du groupe Alcohsonic (2005-2011). La fin du groupe de stoner du milieu des années 2000 n'a pas signé pour autant la fin de l'histoire de ses musiciens.
Guillaume, Benjamin et Sébastien, respectivement à la basse, à la batterie et à la guitare/chant, ont décidé de poursuivre l'aventure sous un autre nom : Abrahma. Les années d'expérience et le recrutement d'un nouveau guitariste les conduit rapidement à sortir leur premier album sous le nom d'Abrahma, Through The Dusty Paths Of Our Lives en 2012.
S'en suivront plusieurs sorties, dont un split remarqué avec l'excellent groupe américain Wo Fat en 2013, Reflections In The Bowels Of A Bird en 2015 et dernier album en date, In Time For The Last Rays Of Light en 2019.
Côté style, le groupe parisien propose un rock métal penchant du côté du stoner, du psyché ou encore du doom. Leur dernière galette, In Time For The Last Rays Of Light, témoigne parfaitement de ce savant mélange, oscillant entre riffs pachydermiques, noirceur et une certaine mélancolie.
Avec des sonorités lancinantes et entêtantes, Abrahma ne laisse pas indifférent et cerise sur la tartelette, les mecs sont super sympas !
Abrahma et les séries
Avec Abrahma, il y a clairement une scission quand on parle de séries télévisées. Le combat des générations fait rage au sein du groupe. Mais quand il s'agit de balancer des noms de séries, ils sont au rendez-vous : The Wire, Peaky Blinders, Tchernobyl, Hélène et les garçons, Au-delà du réel, X-files, Les contes de la Crypte, K2000, Code Quantum, The Walking dead, Scrubs, Weeds, South Park, American Horror Story, Zone Blanche, Game of Thrones, Amicalement vôtre... Bref il y en a pour tous les goûts !
Pour écouter Abrahma, clique sur la vidéo Youtube ci-dessous :
Seth, quand Six feet Under rencontre le métal noir
Seth en quelques mots
Seth est un groupe de black métal français formé en 1995. Il fait partie des précurseurs de la scène black en France. Il puise ses racines dans les grands noms du black métal scandinaves comme Enslaved, Darkthrone et Mayhem.
Après un EP et une démo, le premier album du groupe, intitulé Les Blessures de l'âme, sort en 1998. Les sorties s'enchainent jusqu'en 2004 avec pas moins de trois albums supplémentaires : The Excellence en 2000, Divine X en 2002 et Era-Decay en 2004. L'année suivante, Seth dépose les armes.
Une absence de quelques années avant de reprendre les tournées en 2011. Deux ans plus tard, Seth sort l'album The Howling Spirit. Et ce n'est finalement qu'en 2021 que le groupe revient avec son dernier album en date, La morsure du Christ sorti chez Season of Mist.
Et pour ma part c'est avec ce dernier opus que j'ai découvert le groupe.
Effectivement, je me sens un peu honteux de découvrir aussi tardivement un groupe avec plus de 25 ans de carrière. Mais il y a somme toute une certaine satisfaction de découvrir des groupes après tout le monde.
Je sais que j'ai des heures d'écoute devant moi pour faire connaissance et appréhender la musique de Seth. Une véritable plongée dans l'univers du groupe se profile et il est difficile de reproduire ce processus quand on connaît déjà un artiste sur le bout des doigts.
Seth et les séries
Pour cet entretien, j'ai pu échanger avec Heimoth et Saint Vincent, respectivement guitariste et chanteur de Seth. Ensemble on a parlé de pas mal de séries et notamment de vieilles séries : Manimal, Le Prisonnier, Madame est servie, La 4ème dimension, Children of the Stones, Noires sont les galaxies, Twin Peaks, etc.
Une rencontre enrichissante durant laquelle j'ai découvert que Heimoth et moi-même partageons une même passion, à savoir la série culte de HBO Six Feet Under. Nous avons tous les deux rédigé durant nos études un mémoire sur la série et la façon dont celle-ci aborde le thème de la mort. Le comble étant que nous étions tous les deux sur Bordeaux à ce moment-là. Comme dirait mon vieil oncle à moustache "Ah, le monde est petit". J'ai une envie irrépressible de le fesser quand il me sort cette expression d'un autre temps !
Et pour finir, l'entretien m'a permis de découvrir un autre projet de Heimoth, Decrepit Spectre. Tu l'auras compris, que du positif.
Pour écouter Seth, clique sur la vidéo Youtube ci-dessous :
Exocrine, quand Ramin Djawadi rencontre du tech death
Exocrine en quelques mots
Exocrine est un groupe bordelais formé en 2013. Il se compose de Jordy à la basse, Nicolas et Sylvain aux guitares et Théo à la batterie.
En seulement 9 années d'existence, le groupe a sorti 5 albums : Unreal Existence en 2015, Ascension en 2017, Molten Gianten 2018, Maelstrom en 2020 et The Hybrid Suns en 2022.
Le groupe officie dans un death métal progressif et technique. Les mecs ne sont clairement pas là pour te conter fleurette. Ce rouleau compresseur qui atteint les 88 miles à l'heure ne fait pas dans la dentelle. Pourtant cette vélocité et cette hargne laissent rapidement place à une réelle générosité dont fait preuve chaque membre du groupe.
Exocrine prend plaisir à jouer, à partager sa musique et ça se ressent dans leur présence sur scène. On sent de leur part une réelle envie d'être là et ça fait plaisir. Cela me fait penser à un autre groupe de Bordeaux, Gorod. Et ça tombe assez bien car les deux groupes ne sont pas très loin l'un de l'autre au niveau du style.
Exocrine te plaira à coup sûr si tu aimes des groupes comme The Faceless, Obscura, Beyond Creation ou encore Neuraxis. Pour les autres, qui n'écoutent pas forcément ce style de métal-là, ou pour les puceaux du métal, la musique d'Exocrine peut sembler difficile d'accès, mais je t'invite à aller les découvrir sur scène, ça vaut vraiment le coup.
Exocrine et les séries
Pour l'entretien avec Exocrine, j'ai eu la chance de me retrouver en tête à tête avec Sylvain. Non pas que je ne voulais pas rencontrer les autres membres, mais cela a permis un échange plus direct sous la forme d'une discussion.
Je tiens d'ailleurs à le remercier pour cette entrevue très sympathique et sa réelle gentillesse. Ensemble, on a parlé de pas mal de séries comme V, Code Quantum, L'homme de nulle part, Manimal, Battlestar Galactica, The Shield, Westworld, Banshee, The Mandalorian, La Casa de Papel, Squid Game, Dark ou encore Derrick.
Pour écouter Exocrine, clique sur la vidéo Youtube ci-dessous :
Pour conclure, je renouvelle mes remerciements à Point Mort, The Great Old Ones, Laura Cox, Abrahma, Seth et Exocrine. Sans eux, cette virée au Hellfest n'aurait pas été la même. Vas écouter leur zik, ça vaut vraiment le détour, et encore mieux vas les découvrir en live. Ils font partie de mes coups de cœur du fest et j'espère les revoir sur scène prochainement. En parlant de coups de cœur, voici d'autres groupes qui m'ont fait vibrer cette année au Hellfest : Twin Temple, Deliverance, Primordial, Opeth, Down, Perturbator, Pelican, Envy, Messa, Pénitence onirique ou encore Dying fetus. Je t'invite à checker tous ces groupes, les styles sont variés, mais il y a de quoi se mettre sous la dent.
Ce second volet spécial Hellfest, métal et séries s'achève ici. Il s'agissait pour moi d'une première. J'espère que ça t'a plu et que tu as pu découvrir à travers cet article et ces témoignages, des groupes, des individualités, des genres de musique, le Hellfest et bien entendu, des séries.
Le tout est très certainement perfectible et dans l'éventualité d'une reconduite de ce format, il y a déjà des pistes d'amélioration que j'ai identifiées. N'hésite pas à me partager tes impressions et tes critiques qu'elles soient positives ou négatives. Enfin... qu'elles soient surtout constructives.
Je te donne rendez-vous prochainement pour un article plus classique, d'ici là, matte des séries, écoute du fucking métal, profite de la vie et bisous.