Manimal, une perle des années 80 ou une série de merde ?
Ah, Manimal ! Cette perle des années 80, que de nombreux gamins de l’époque ont adoré regarder. Pourtant, elle est aussi raffinée qu’un cassoulet en boîte signé William Saurin. Eh oui, je défie quiconque de regarder à nouveau la série sans avoir l’impression de s'être fait flouer dans sa jeunesse. Je l’ai expliqué à de nombreuses reprises dans ces pages, que ce soit dans l’abécédaire des séries de merde et dans ma critique sur la série. Je ne vais donc pas revenir dessus, en tout cas, pas de cette façon.
Mais, comme je suis sympa et que je ne souhaite que ton bien, je te propose de m’accompagner dans le revisionnage de Manimal. Ensemble, on va parcourir le premier épisode. Je vais te démontrer que Manimal est une fiction qui mérite sa place parmi les séries de merde. Parce que oui, quand on a un budget digne d’une soirée raclette entre potes, on évite de proposer une série avec des transformations animales qui pousseront n’importe quel fond vert avec un minimum de fierté au suicide.
Alors installe-toi confortablement, et revivons ensemble ce premier épisode.
Je squeeze délibérément le générique qui, outre piquer les yeux tellement il est moche, est dans la lignée de ce que les séries des années 80 pouvaient nous proposer, à savoir, long et à base de synthé.
À la découverte du premier épisode de Manimal
Notre épisode commence dans un stand de tir, où la sécurité semble aussi négligée que le scénario de la série. Pour l’homologation à la fédération des tireurs de France, c’est à revoir. Je ne sais pas si elle existe cette Fédé, et si c’est le cas, qui en fait partie : les aficionados de la gâchette, les barman, les acteurs pornos... bref il doit y avoir du monde !
Le décor est planté : c’est sale, c’est sombre, et on sent que ça va sentir la poudre (et probablement la médiocrité) tout au long de l’épisode. On comprend donc vite qu’on est face à une bande de vieilles canailles pleine de clichés : trench-coats, sourires mauvais et voix un peu trop forcées pour montrer qu’il s’agit bien des méchants (je précise qu’il s’agit de la version française). Ces mecs ne sont pas là pour vendre des encyclopédies, non, ici ce sont des bonhommes, ici c’est du trafic d’armes... le tout sous les yeux d’une panthère noire.
Une panthère ? Que fait-elle là ? Est-ce un stand de tir ouvert aux animaux ? L’histoire ne le dit pas !
Un des méchants quitte les lieux pour aller récupérer les armes à l’autre bout de la ville. Parce que visiblement, la logistique, c’est pour les losers ! Dans un monde normal, il aurait stocké les armes dans la même pièce pour gagner du temps. Mais non ! Ici, tout est lent, tout est mal pensé, tout est... Manimal !
Ce pauvre conducteur de taxi rencontre son futur harceleur : Jonathan Chase
C’est alors qu’on aperçoit notre héros, Jonathan Chase. Classe à mort, avec un look qui crie :
"Je viens de sortir d’une soirée chez l’Ambassadeur où j’ai bouffé tous les Ferrero ma gueule".
Jonathan suit le méchant en taxi, et là, première transformation : il commence à se tortiller à l'arrière, suffocant comme un buffle asthmatique. Le chauffeur de taxi semble inquiet mais se laisse guider par le type à l'arrière : mec, t’as un client qui soit fait un malaise, soit est en train de se palucher sur ton siège arrière, tu réagis ou bien ? Non ! Le chauffeur continue sa route tranquille, laissant notre héros faire ses trucs bizarres à l'arrière.
Et hop, Jonathan devient... la panthère qu’on a vue plus tôt. Ok, ce n’est que le début, mais ça commence fort.
Jonathan Chase en pleine transformation
Une fois cette magnifique transformation réalisée, on se retrouve dans un entrepôt rempli de méchants. Sur l’échelle de l’originalité, et comme diraient nos amis géologues, on est pour l’instant au niveau de la lithosphère.
Alors que notre félidé préféré continue ses cabrioles dans l’entrepôt, le scénario se précipite vers une démonstration de tout ce qui va mal dans cette série. On a droit à un véritable ballet : des méchants qui s’activent à charger des armes dans un camion, notre félin majestueux qui joue à cache-cache derrière des caisses, le tout sous un éclairage aussi dramatique qu’un film de série Z. La tension est palpable... ou pas.
Et puis, le matou mystique fait sa première vraie rencontre avec le personnage féminin principal : Brooke McKenzie.
Brooke, flic de service avec plus de poigne que de bon sens, repère un camion en train de livrer des machines à coudre (oui, oui) en pleine nuit. Logique, quand on y pense : après tout, pourquoi ne pas transporter des armes sous couvert de couture industrielle ? C’est le moment où tu réalises que même dans Manimal, le fil rouge du scénario c’est de la laine mal tissée.
Le chaton chasseur d’ennemis intervient à ce moment-là. Alors qu’il aurait pu se la jouer discret, le bougre préfère sauter sur les méchants pour provoquer un accident.
Résultat : explosion, panique, course-poursuite entre Brooke et un des vilains, et la panthère qui continue son petit jeu de cache-cache avec la fliquette. En tant que spectateur, tu te demandes où tout ça va nous mener... si ce n’est directement à un endormissement profond tellement l’ennui monte.
Après la poursuite, Brooke tombe nez à museau avec Jonathan, à nouveau dans son costard chic. Notre chat de salon a, bien entendu, trouvé le temps de se changer en mode "Je sors du Ritz".
Mais attends, j'ai une question : où planque-t-il ses fringues, celui-là ? Mystère. Peut-être qu’il a une besace magique, ou des pouvoirs de téléportation textile... ou alors, le scénariste n’avait pas envie d’y réfléchir. Je penche pour la dernière option.
Brooke, la sidekick ahurie de Manimal
Là, Jonathan commence à sortir son numéro de charme, avec une voix aussi suave que forcée. Le genre de gars qui, en 2024, te vendrait une masterclass intitulée : "Comment faire ronronner la femme de tes rêves en 10 leçons !".
Le matou séducteur s’y croit à fond .Je laisse la gente féminine me confirmer ça, mais le résultat reste aussi sexy que notre ami Edouardo et sa chanson culte :
On fait un petit bond en avant, et voilà que Jonathan, notre minet mystique, enfile son costume de professeur d’université.
C’est la scène où l’on découvre que ce cher chat de salon est plus qu’un simple métamorphe : c’est aussi un playboy des amphis, entouré d’étudiantes qui fantasment autant sur ses pouvoirs que sur sa prestance. Une d’elles imagine même qu’il pourrait avoir... disons, des attributs d’éléphant. Une belle gourgandine qui a certainement une grande, que dis-je une très large confiance en son rectum. Ah, la subtilité de l’écriture !
Mais notre sphinx d'université ne se laisse pas déconcentrer. Après tout, il a un job à poursuivre. Et c’est là que la belle Brooke refait surface, cette fois pour lui présenter son badge de police et lui demander de l’aide dans son enquête. Ils forment un duo aussi explosif qu’improbable : la fliquette tête brûlée et le félin divin, alias le dragueur du dimanche.
Transition rapide : Jonathan et son fidèle acolyte, Ty Earl.
Ty, c’est le sidekick cliché des séries de l’époque uniquement présent pour servir de faire-valoir à notre héros. Il est clairement là pour nous rappeler que Jonathan est bien plus qu’un professeur : c’est un justicier animalier. C’est bien connu après tout, tous les profs d’université ont une double vie surnaturelle. Ensemble, ils poursuivent un des méchants dans une ambiance digne des meilleures boîtes de nuit de série B.
Félix le chat en profite pour utiliser ses talents de séduction en mode collé-serré pour distraire Brooke, pensant naïvement que ça suffira à la détourner de l’enquête. Évidemment, ça ne marche pas, parce que même Brooke, malgré sa poigne approximative, ne tombe pas dans le piège aussi facilement.
La tension sexuelle est palpable entre Jonathan (appellé aussi Jessie) et Brooke
Retour au commissariat, où après une discussion riche en sous-entendus, Jonathan, notre minou glamour, et Brooke décident de faire équipe. La dynamique est posée : lui, toujours en mode séduction subtile (ou plutôt lourdingue), et elle, tentant de rester concentrée sur sa mission, malgré les sourires enjôleurs de ce sphinx flirteur. Jonathan ne manque pas de rappeler qu’il aime "garder les meilleures élèves à la fin des cours". Ambiance creepy à souhait. Bref, on est bien loin des standards actuels du politiquement correct.
Nouvelle filature ! Cette fois, c’est Brooke qui s’approche de l’entrepôt pour espionner les malfrats en pleine action. Jonathan, censé attendre gentiment dans la voiture, n’en fait qu’à sa tête. Il décide que c’est le moment idéal pour se transformer sous la pleine lune. Alors là, suspense : qu’est-ce que notre matou préféré va choisir ? Un tigre, un lion, un aigle royal ? Un loup-garou putain ! Envoie du lourd, mec !
Eh non. Encore une panthère ! Parce que visiblement, le budget transformations est serré.
Pendant que notre panthère maison fait ses acrobaties pour détourner l’attention des vilains, Brooke, elle, prouve une fois de plus son absence totale de discrétion. Repérée en deux temps trois mouvements, elle se fait prendre en chasse.
Heureusement, le félin noir veille et tente tant bien que mal de la tirer d’affaire. Mais Brooke a une idée brillante, elle ! Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle prend une grenade. Oui, une putain de grenade trouvée au hasard dans une caisse. Et elle la lance la greluche.
Bein non Brooke, c’est une idée de merde ! Je te laisse imaginer le carnage : explosion totale, tout l’entrepôt vole en éclats. Une fois la poussière retombée, on retrouve Brooke, évanouie, à côté de notre ami Jonathan, toujours en mode panthère mais bien secoué lui aussi. Comment ces deux-là finissent inconscients côte à côte ? Mystère.
Brooke a côté de la peluche panthère du réalisateur
Et là, on atteint des sommets : Jonathan se réveille, retrouve forme humaine et se retrouve allongé à côté de Brooke. Heureusement qu’il avait sa petite besace magique avec ses vêtements, on ne le dira jamais assez. Sinon il aurait fini en mode plagiste du Cap d’Agde le bras sur Brooke et le paquet sur le trottoir.
Une garde à vue plus tard, nos deux comparses partent pour une nouvelle filature. Et là, coup de théâtre (ou pas, vu que Brooke est décidément une très mauvaise flic) : elle se fait encore attraper. Franchement, on commence à se demander si elle n’a pas fait l’école buissonnière pendant sa formation.
Heureusement, Jonathan est dans les parages, et cette fois, il décide de se transformer en... suspense ! Non, toujours pas un animal exotique, juste une buse. L’animal hein ! Bon, c’est déjà mieux que la panthère, mais on sent la déception poindre.
Manimal, alias Jonathan la buse
Après avoir fait diversion avec ses talents de rapace, notre Félix en plumes suit une des méchante jusqu’à chez elle. Il s’agit d’une blonde fatale, tout droit sortie du catalogue 3 Suisses des années 80 rubrique bodies et autres corsets, avec son manteau de fourrure et sa voix de harpie.
Dans l’appartement, le téléphone sonne, et au bout du fil, un autre méchant, en moule-bite, chillant tranquillement au bord de sa piscine. On est au summum des stéréotypes.
Jonathan décide de quitter la scène avant de se faire repérer, et là, devine quoi ? Hop, de rapace il devient... un matou. Sérieux, vous n’aviez le budget que pour une seule transformation ? Merde, faite un effort donnez nous quelque chose à nous mettre sous la dent. Donc Félix le chat en profite pour écouter toute la conversation et pour observer le minou de la belle blonde fraichement sortie de la douche tout en passant sa tête dans le décolleté de celle-ci. Mais quel gros coquin !
Et évidemment, Brooke commence à se poser des questions. Parce que bon, entre les panthères, les buses et tous les animaux étranges qui gravitent autour du professeur, il y a de quoi se demander si notre cher ami ne serait pas un fils Zavatta.
Nouvelle scène où Jonathan, alias notre chat des rues, commence à montrer ses talents d’investigateur animalier. Un gros plan sur ses sens aiguisés (merci les zooms immondes sur des bouches en train de mâcher) nous prouve qu’il a l’instinct d’un fauve, même sans transformation.
Pendant ce temps, Ty infiltre le repaire du méchant qui a été arrêté précédemment et dégaine un cobra pour le faire parler. Une technique intéressante, mais putain de dangereuse, n’est-ce pas ?
Au même moment, Brooke fait irruption pour obtenir des aveux du méchant. Bien sûr, cette idée idiote du serpent finit par mal tourner. Brooke, persuadée que le serpent est encore Jonathan, le saisit à pleine main... et s’évanouit lorsqu’elle réalise que c’est un vrai. Et là, notre tigre charmeur en profite pour la récupérer, juste avant qu’elle ne tombe, prouvant une nouvelle fois qu’il est l’homme fort et elle la demoiselle en détresse.
Elle se réveille plus tard dans le lit de Jonathan, vêtue d’une robe de chambre brodée à ses initiales : JC pour Jonathan Chase. Classe, non ? Non mais qui porte des robes de chambre avec ses initiales dessus ? Non mais qui fait ça dans la vie ?
Jonathan et Brooke, le lit de la luxure
Jonathan nous dévoile une nouvelle fois son côté pervers en expliquant à Brooke que quand une personne s’évanouit, il est recommandé de lui ôter tout vêtement qui pourrait la gêner ou la serrer. Ok gros pervers, tu t’es pris pour Lorraine McFly ?
Après avoir mis de côté le calmant que le Professeur lui a donné, on ne lui fait pas à l’envers à la Brooke, elle décide de visiter la demeure de son hôte. Elle découvre alors un journal privé sur le passé de Jonathan Mistigri.
Flashback en pleine guerre du Vietnam : Ty et Jonathan, en pleine jungle, où on assiste à une nouvelle transformation... en panthère, bien sûr. Si tu pensais qu’il allait tenter une autre transformation , eh bien détrompe-toi. La production a apparemment décidé que la panthère, c’était son truc, son totem, son animal spirituel.
De retour au présent, Jonathan et Brooke décident enfin de faire équipe pour de bon.
Le lendemain, ils se retrouvent au commissariat. Jonathan fait le lien entre le Colonel et la voix qu’il a entendue lors de sa filature précédente, chez la blonde qui se laisse mater par des minous sous son peignoir. Sans surprise, le Colonel est en réalité le cerveau derrière toute cette affaire.
C’est reparti pour une nouvelle filature, et sans surprise, Brooke se fait encore chopper. Vraiment, la discrétion, ce n’est définitivement pas son fort.
Pour l’ultime confrontation, Jonathan le félin sait qu’il aura besoin de renfort. Il appelle donc ses "copains du zoo" et nous gratifie d’une nouvelle transformation, ou transmutation comme il dit, probablement la plus ridicule, avec des effets spéciaux vraiment datés avec en prime l’utilisation d’une vieille peluche. Faites un effort, utilisez un animatronique digne de ce nom !
Donc, en quoi se transforme-t-il me demandes-tu ? Eh bien, figure-toi qu’il devient un phacochère... eh non triple couillon, comme d’habitude une putain de panthère !
Accompagné de ses acolytes à poils, Jonathan Bagheera se faufile dans l’entrepôt des méchants.
Mais voilà, nos bad guys sont malins. Ils déclenchent un gaz soporifique qui endort notre félin intrépide. Redevenu homme, il se retrouve attaché dos à dos à Brooke. Le temps qu’il reprenne ses esprits, Jonathan chatounet n’a plus le choix. Il doit encore se transformer pour s’échapper. Il devient alors une pintade... mais non bordel encore une panthère ! Alors oui, une panthère fait plus peur qu’une poule ou autre gallinacé. Mais merde, c’est une fiction avec un mec qui a le don de pouvoir se changer en n’importe quel animal, faites nous rêver un peu.
On accélère : Jonathan Grosminet et Brooke s’allient pour enfin déjouer les plans des méchants. Ils retournent chez Jonathan, où, surprise, notre félin séducteur est déjà en peignoir. Toujours prêt pour une petite séance de drague maladroite, à base de clins d’œil et d’allusions aussi subtiles qu’un tractopelle sur une piste cyclable.
Juste avant le générique, petite cerise sur le gâteau : Jonathan a envoyé un requin chez le Colonel, qui chillait tranquillement dans sa piscine. Ne me demande pas comment il l’a fait, mais le mec a des contacts avec la famille de Bruce, et rien que ça, c’est la classe !
Le plus effrayant dans cette scène est certainement le bob
Et voilà, fin du premier épisode de Manimal, cette œuvre kitschissime où le budget effets spéciaux semble avoir été intégralement dépensé sur une peluche de panthère, et où les rebondissements sont aussi prévisibles qu’un jour de pluie en novembre.
Mais malgré tout, on ne peut s’empêcher d’avoir une tendresse pour cette série tellement absurde qu’elle en devient attachante. Serait-ce l’effet nostalgie qui parle ?