Les tops, c'est trop cool !
Pour ce nouvel article, je ne vais pas te faire l'affront de te proposer un top des séries du genre.
Jean-Clément : "Mais..."
Attends si tu me parles de René La Taupe (si tu ne connais pas, clip en fin d'article. Ne me dis pas merci, c'est cadeau... mouhaha !) espèce de consanguin décérébré, je t'émascule avec le dentier de ma grand-mère.
Jean-Clément : "hein... mais pas du tout. Je voulais dire que c'est cool les tops. On peut se faire des listes de séries à regarder. Moi j'aime bien faire des listes. Par exemple, je liste toutes les perdrix que je tue à la chasse avec tonton Jean-Patrick..."
On s'en fout de ton tonton.
Quoiqu'il en soit, on n'est pas sur topito ici. Alors les tops aux titres putaclics, très peu pour moi... ah on me dit dans l'oreillette que j'ai déjà proposé ce genre d'article. Au temps pour moi, et c'est vrai que ces articles inventaires, malgré ce qu'on peut en penser, c'est une très bonne chose pour permettre à des non connaisseurs de découvrir des séries.
Je ne vais pas épiloguer sur la question car ce n'est pas le sujet du jour. Cependant, Jean-Clément et toi là au fond, je vous proposerai un top des meilleures séries d'horreur une prochaine fois.
Donc aujourd'hui, pas de top, mais plutôt un flop que je veux te présenter. Il s'agit de la série Harper's Island, diffusée en 2009 sur CBS. Si tu n'as pas encore lu ma critique, sans te spoiler, c'est de la MERDE ! Allez salut et bonsoir. Bisous.
Ah t'es encore là. Tu as envie d'en savoir plus ? Ok c'est parti.
Harper's Island, le slasher
La série, signée Ari Schlossberg, un illustre inconnu qui n'a pas fait grand chose de plus, pose ses bases sur ce synopsis :
"Au large de Seattle se situe l'île Harper, une île au passé macabre, ayant été le lieu d'un massacre. Sept ans plus tard, Henry Dunn retourne sur cette île pour se marier avec Trish. Il est accompagné de sa famille, ses amis et sa meilleure amie, Abby Mills, dont la mère avait été une victime du tueur en série. Alors que tous pensent passer un moment magique et rempli de bonheur, la mort frappe à nouveau ne laissant que peu de chance à Henry et son entourage. Une lutte pour rester en vie s'engage alors sur l'île..."
Rien de neuf sous le soleil tu me diras. Et tu as entièrement raison. Ce type de scénario n'est en rien innovant. Beaucoup de films d'horreur ont pour base commune une histoire sinistre qui s'est déroulée dans le passé et qui ressurgit quelques années plus tard. Harper's Island ne déroge pas à la règle et se met dans la droite lignée de ces oeuvres fictionnelles. Les connaisseurs parleront de slasher et citeront des films cultes comme Halloween, Vendredi 13, Scream, Freddy, etc.
Attention, Harper's Island n'est en rien comparable à l'oeuvre de John Carpenter. Elle reprend certains codes et les adapte à sa sauce. Elle suit très clairement la lignée de tous les slashers de la nouvelle vague débarqués dans les années 90-2000.
Je pense notamment à Urban Legends, Destination finale, Détour mortel, Mortelle Saint-Valentin, Souviens-toi l'été dernier... pas forcément les meilleurs du genre. Exception faite pour Souviens-toi l'été dernier car ce film comptait dans ses rangs mes deux amours de jeunesse : Jennifer Love-Hewitt et Sarah Michelle Gellar.
Ah ce collier... si seulement j'avais pu être ce pendentif le temps du tournage...
Ces quelques lignes de synopsis nous font dire qu'Harper's Island évolue dans quelque chose d'assez classique. L'intérêt réside cependant dans le fait que chaque épisode doit évincer un personnage du tableau. Cela peut s'avérer drôle en prenant ça comme un jeu : les paris sont ouverts, qui va y passer cette semaine ?
Ok, ce principe me plait bien. À chaque épisode des personnages récurrents ou non seront dézingués. C'est ni plus ni moins ce que le spectateur demande devant ce genre de programme : du sang et de la tuerie.
Par contre, les élucubrations des personnages, comment dire... si c'est bien amené pourquoi pas. Et malheureusement, c'est là que Harper's Island a fauté et s'est plantée !
Harper's Island, un soap d'horreur
Alors oui on est sur un Network, en l'occurrence sur CBS, je le sais bien. Ce n'est pas une chaîne de télévision sur laquelle nous pourrons voir des litres et des litres d'hémoglobines, des têtes coupées ou encore des éviscérations.
Quoique montrer du sang, des membres arrachés ou des tueries c'est apparemment moins pire que d'entendre des gros mots ou montrer un téton ou un pénis. Ceci est un autre débat, passons...
Harper's Island nous délivre bien des scènes avec des assassinats. Des moments d'angoisse sont également présents et sont dilués tout au long de la saison. Et pourtant, la série est aussi barbante qu'un chapitre d'un livre d'Honoré de Balzac.
Marie-Constance : "Quand on parle de meurtres, de sang ou de p... sex... d'organe génital masculin y a du monde. Mais quand il s'agit de littérature et particulièrement de classiques de la littérature française, il n'y a plus personne. Vous n'êtes qu'un ignare".
Je crois que le mot que vous cherchiez c'est pénis, sexe, bite, biroute, verge, phallus... n'est-ce pas ?
Et pour votre gouverne, du Balzac j'en ai lu, et ça m'a gonflé de lire des pages et des pages de descriptions. On peut lui reconnaître un sens du détail incomparable, une minutie qui ferait pâlir n'importe quel passionné de modélisme. Mais en toute objectivité je m'emmerde quand je lis du Balzac. A contrario, je prends mon pied quand je lis du Tolkien, lui aussi un enthousiaste prolixe du détail.
Mais pourquoi je lui réponds ? Elle m'a encore eu la bougresse du bénitier !
Les meurtres de Harper's Island ne sont finalement que des épiphénomènes. La série tourne principalement autour des relations entre les personnages. Je ne parle pas de relations humaines intéressantes, mais bel et bien de relations insipides dont on se fout royalement.
Les digressions sont trop nombreuses et surtout remplies de moments centrés sur les histoires sentimentales. Je l'expliquais à l'époque dans la critique de la série, avec l'exemple de la gué-guerre que se livre Christopher et Cal pour conquérir le coeur de Chloé est inintéressante. Ça dessert l'avancée du scénario et de la série dans sa globalité.
En fait, la série fait l'erreur d'axer son écriture autour de sujets insignifiants. Les querelles amoureuses n'apportent rien et sont horripilantes à suivre. Tout ça est aussi lié aux personnages et à leurs traits de caractère respectifs, mais là-dessus la série reste fidèle aux archétypes que les slashers nous livrent en guise de protagoniste. On y reviendra dans le point suivant.
Autre exemple d'histoire inutile : le fil rouge concernant la mallette d'argent. Là aussi, la série enfonce des portes ouvertes en montrant que face à l'argent l'homme est un loup pour l'homme. Putain, les scénaristes auraient-ils lu du Thomas Hobbes ?
Que nenni !
Il a fallu broder, alors ils ont pondu cette histoire qui encore une fois n'apporte rien au scénario. C'est digne d'un soap opera. Et ce n'est pas ce que je veux voir quand je regarde une fiction d'horreur.
La force de la série aurait dû être son format. En effet, ce n'est pas un film qui est intrinsèquement limité à sa durée de 1h30 ou 2h. Son format de série lui offre la possibilité de raconter, ici en 13 épisodes soit environ 8 ou 9 heures, une histoire complète.
Le détail, on ne le veut pas sur des mâles alphas qui font les gorilles pour savoir qui pourra mettre sa semence dans le cul de la femelle. On le veut sur une exploration approfondie des individus (y a t-il un lien avec la phrase précédente...). Du tueur à l’héroïne perturbée psychologiquement, en passant par les terreurs de chacun, il y avait de quoi faire.
En d'autres termes, creuser le comportement de chaque personnage pour livrer au spectateur une oeuvre efficace le confrontant à ses propres peurs.
En résumé, on ne calque pas le schéma narratif d'un film de format court au format long d'une série. Suivre les inepties de personnages ridicules sur 1h30, aucun problème. Les suivre sur une saison entière, c'est une lobotomie. Mon but n'est pas de finir apathique devant mon écran messieurs les scénaristes.
Harper's Island, des personnages inconsistants
Pour achever cette présentation de Harper's Island, parlons à présent du casting.
Outre le genre de la série, le casting est également un point fort. On retrouve quelques pointures du petit écran avec notamment :
- Elaine Cassidy, très convaincante dans la série policière anglaise Ghost Squad.
- Le sympathique Christopher Gorham, vu dans Jake 2.0, Ugly Betty, Covert Affairs.
- L'excellent Jim Beaver : Deadwood, Supernatural.
- Richard Burgi : The Sentinel, Firefly, Providence.
- Brandon Jay McLaren : Being Erica...
Un casting alléchant et pourtant une interprétation approximative.
Les compétences des actrices et acteurs ne sont pas à remettre en question (sauf pour Matt Barr, ce mec m'horripile). Chacun a pu démontrer son savoir-faire dans d'autres fictions. Et je suis persuadé que tous ces comédiens ont la capacité de sublimer un rôle quand celui-ci est a minima bien décrit et que l'écriture de l'oeuvre est pertinente. Malheureusement, on ne crée pas de l'or avec de la mélasse et une scie à métaux.
En revanche, les personnages de Harper's Island suivent à la lettre les codes du slasher. On retrouve toutes les caricatures du genre :
- La blonde écervelée.
- Le beau gosse qui se la pète.
- Le mec chelou du coin.
- Le bon flic...
Oui toutes celles et ceux qui se font buter généralement assez rapidement.
Une belle compilation qui ne déroutera pas les aficionados du genre. Argument que l'on peut toutefois déconstruire si on le met en miroir avec le format. Effectivement, suivre une blonde gourde ou un blaireau aux pectoraux saillants dans un film sachant qu'ils se feront buter au bout de 20 minutes ça va. Par contre, les suivre pendant plusieurs épisodes, c'est mentalement fatigant.
Pour conclure, Harper's Island n'est pas une série que je recommande. Ses très rares qualités (casting, genre slasher, quelques meurtres originaux) sont entachés par des défauts bien trop présents.
Son format n'est pas adapté et ne peut que susciter l'ennui. Trop de digressions inutiles à son compteur desservent le scénario.
Si tu veux de la série horrifique pour la soirée d'Halloween, je t'oriente les yeux fermés vers Dead Set ou Ash vs Evil Dead. Les deux séries évoluent dans un registre différent, mais au moins c'est drôle et pas de fioritures.
Et si tu penses que je n'ai rien compris à Harper's Island, lâche ton commentaire.
Bon Halloween à toutes et à tous ! Et entre nous, pour une bonne frayeur, René est ton serviteur :