Tonnerre mécanique : une série pensée pour les mâles en manque de cylindrées
Dans les années 80, la télévision américaine a connu une étrange obsession pour les véhicules aux capacités improbables. Entre "Supercopter" en 1984, où un hélicoptère de combat explosait tout sur son passage, et "K2000" en 1982, où une voiture parlante rendait jaloux tous les conducteurs de R5, il ne manquait plus qu'une moto survitaminée pour compléter la collection. Mais j'y pense où est le camion ? Il n'y avait pas de séries sur un super camion ? J'ai un doute... Si tu te souviens qu'une telle série existait, viens m'en parler en commentaire je veux absolument la découvrir.
Bref, c'est ainsi qu’en 1985 débarque "Tonnerre mécanique" ("Street Hawk" en VO), une série où un type ordinaire, mais tout de même policier, devient un super motard du futur.
Le concept ? Un peu le même que pour toutes les séries policières ou à enquêtes de l’époque. Jesse Mach, un flic blessé et relégué comme attaché de presse de la police, est secrètement recruté pour piloter une moto expérimentale capable de filer à plus de 300, voire 400 km/h, de sauter des obstacles et de tirer des lasers. Car oui, dans les années 80, toute série d’action un peu SF digne de ce nom devait inclure des lasers. Eh oui, les lasers c'est cool et l'effet "Star Wars" n’était pas si loin.
Le but de Jesse ? Lutter contre le crime avec son bolide de l'extrême, sous la supervision d'un ingénieur grognon et asocial, Norman. Un scénario pas très subtil, mais ça faisait largement l'affaire pour faire rêver les gamins à la coupe au bol et les papas en quête constante de sublimer leur virilité.
Oui, ne nous leurrons pas, tout comme ses grandes sœurs "Supercopter" et "K2000", "Tonnerre mécanique" avait clairement identifié ses cibles. Ainsi, elle s’inscrivait dans cette tradition des séries pensées pour un public adolescent et pour ces mâles persuadés que la masculinité se mesure en chevaux-vapeur. Il fallait avoir un engin entre les jambes ou sous le cul pour être un héros digne de ce nom. Eh ouais mon p'tit bonhomme !
Oublie de suite la subtilité ou la complexité psychologique des personnages. Ici, le charisme se mesure à la vitesse de pointe et à la capacité du véhicule à faire des cascades à t’en décrocher le slibard. Jesse, finalement on s'en fout un peu, tant qu'on voit des meufs en bikinis (et je te rassure il y en aura) et que le type il double toutes les plus belles caisses des States en wheeling. Allez, fais péter les traces de pneus Jesse... euh... Jesse, pourquoi tu t’es chié dessus ? Je parlais de la moto !
Malgré tous ces points positifs, "Tonnerre mécanique" n’a pas suscité un réel engouement. À l'instar d’un "Manimal" et ses 8 petits épisodes, elle a été annulée après seulement 13 épisodes. Pourtant, elle garde une place spéciale dans le cœur de ceux qui, enfants, rêvaient de posséder une telle bécane. Et je tiens à préciser que je faisais partie de ces gamins. Avions-nous raison d'aimer tant cette série ? Méritait-elle vraiment de finir sur le bas-côté tel un ivrogne qui s'est planté avec sa mob à la sortie du PMU ? Avait-elle, malgré tout, quelques qualités cachées sous son carénage ?
Installe-toi confortablement et laisse-moi te faire revivre le premier épisode de "Tonnerre mécanique".
À la découverte du pilote de Tonnerre mécanique
La série s'ouvre en nous montrant qu'on n'a pas de temps à perdre. Ici, ça va vite comme la super moto, alors on entre direct dans le vif du sujet avec une attaque de convoyeur de fonds. On passera sur le fait que niveau discrétion, les deux types en moto ne sont pas les premiers de la classe. Avec une moto rouge pétant, des tenues et casques assortis en mode "Teletubbies du crime", difficile de passer inaperçus. Les gars, c'est un zéro pointé !
Les deux types prennent le pognon et c'est parti pour une course-poursuite endiablée dans les rues de la ville. Bon pas du tout, c'est mou et les flics de ce genre de séries montrent rapidement leur inutilité en matière de chasse à l'homme.
Mais attention, "Tonnerre mécanique" veut nous en mettre plein les mirettes dès le départ. Un des motards dégaine une arme et tire dans le pneu du camion blindé. Et là, magie des années 80, un simple pneu crevé déclenche une putain d'explosion digne d'un film de Michael Bay. Car oui, la science des séries et autres fictions d'action dans cette décennie veut que tout véhicule à essence explose au moindre accrochage.
Heureusement que cela se passe uniquement dans les fictions. Imagine Josiane de la compta qui rentre le soir toute penaude à la maison, pour annoncer à Francis qu’elle a accroché la Dacia en se garant le matin au boulot et qu'elle a fait exploser tout le parking. Alors avant la levée de boucliers, j’avoue que j’aurais pu choisir quelqu'un d’autre que Josiane. Je ne voulais stigmatiser aucun genre emploi donc remballez vos pancartes. Ça aurait très bien pu être Monique du contrôle de gestion ou Sophie des moyens généraux.
Retour à nos brigands, en mode mardi-gras, qui s'emparent du magot et prennent la fuite. On s'attend alors à une course-poursuite épique, pleine de cascades spectaculaires... mais non ! Ce qui suit est une petite balade digestive où les flics montrent toute leur incompétence. Entre freinages hésitants et trajectoires aléatoires, on se demande si ces policiers ont eu leur permis dans une pochette-surprise. Le message est clair pour la suite : dans cet univers, les flics sont mauvais.
La scène suivante nous plonge dans ce qui semble être le passe-temps officiel de ces hommes en uniforme : organiser des paris douteux sur les exploits d'un casse-cou du commissariat. Parce que oui, pendant que les criminels braquent des fourgons en toute impunité, nos forces de l'ordre sont bien trop occupées à admirer Jesse Mach, notre héros, en train de sauter par-dessus des voitures de police comme un gamin de 10 ans qui tente de faire son intéressant devant tous ses copains.
Jesse lève ses pouces, il est content !
C'est également l'occasion de nous présenter Norman, le futur acolyte de Jesse, qui filme la scène avec un enthousiasme légèrement suspect. Le mec est en transe devant un motard qui fait des cabrioles, chacun son délire. Moi, perso, c'est les tondeuses autoportées qui m'émoustillent. Ces puissants engins où de vieux messieurs en chapeaux de paille s'installent fièrement... ah, "Une histoire vraie" de David Lynch, pour moi, c'est plus qu'un road movie, c'est un porno.
Pendant que Jesse et Marty, son collègue, se félicitent d’avoir transformé leur job en fête foraine, la réalité les rattrape. Leur lieutenant, qui a visiblement d'autres ambitions pour son équipe que de les voir organiser les futurs moto-cross du dimanche, les a surpris dans leurs conneries et les a convoqués dans son bureau. Résultat ? Deux semaines de suspension bien méritées. Bravo les gars, bien joué !
Dans la scène suivante, notre cameraman, Norman, qui s'avère être un ingénieur, après avoir montré la vidéo de notre policier cascadeur à son boss, se retrouve contraint d'embaucher Jesse pour un projet qui nous est pour l'instant secret.
Ensuite, on retrouve notre ami Jesse avec son collègue avec qui il fait des paris. La scène sent la testostérone de mecs qui aiment la moto. Au programme : poussière, bécanes, vrombissements, wheeling et inévitablement des meufs en mini short en jean. Je te l'avais promis !
Mais la récréation est de courte durée. Jesse se retrouve seul à réparer sa moto pendant que son pote part faire une virée. C'est le moment choisi par Norman pour tenter une nouvelle fois de recruter notre héros, qui, fidèle à lui-même, s'en tamponne royalement le coquillard. Son unique priorité : remettre sa bécane en état et rejoindre son compère. Pendant ce temps, ce dernier atterrit malencontreusement sur un terrain vague occupé par nos brigands du début, armés jusqu'aux dents et en plein trafic...
Une fois la moto réparée, Jesse laisse Norman en plan et fonce retrouver son ami. Trop tard : il le découvre sans vie. La scène se termine en jus de boudin avec un Jesse qui reste de marbre face au cadavre, le regard figé sur un pick-up noir qui fonce sur lui et... fondu au noir. C'est quoi ce bordel ? Que se passe-t-il ? Jesse les poursuit-il ? Se fait-il renverser ? S'accorde-t-il une pause pipi (non, mais ne pisse pas sur ton pote, il est mort, c'est dégueulasse !) ? Bref, les scénaristes devaient en avoir marre de cette scène et préfère couper court et passer à autre chose. Ou alors serait-ce un subterfuge pour créer un moment de tension ?
Bien vu, c’était la dernière option, pas le pipi hein, celle juste avant. Il est bien arrivé quelque chose à Jesse que l’on retrouve inanimé dans une ambulance, puis sur un brancard à l’hôpital.
La scène suivante nous présente un Jesse transformé. Fini le petit galopin qui faisait des cabrioles en moto, place à un homme meurtri qui traîne sa carcasse en costard avec une canne. Un signe évident qu’il s’est passé quelque chose de dramatique dans ce fichu désert.
De retour au commissariat, son chef lui explique que les affaires internes enquêtent sur le meurtre de Marty, histoire de savoir si le pauvre bougre était corrompu ou juste au mauvais endroit au mauvais moment. Une annonce qui anéantit Jesse. Mais comme les patrons sont tous des salauds, mode CGT-merguez-party ON, il lui assène le finish him quand il lui annonce qu’il ne mettra plus jamais les pieds sur le terrain. Il arrêtera enfin de faire le mariole sur sa bécane ce petit trou du cul !
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Jesse découvre sa nouvelle collègue, Sandy. Une belle blonde certes, mais cette nouvelle situation ne semble guère l’enchanter. Jesse est décidément bougon. Il broie du noir et son moral finit dans ses chaussettes lorsqu'il croise des policiers motards. Impossible pour lui de ne pas repenser à sa gloire passée. Il nous gratifie alors d’un regard mélancolique tellement intense qu’il m’en a presque foutu les poils ce sacré coquin. Surtout, tu me dis si j’en fais un trop, ok ?
De retour chez lui, Jesse découvre qu’il a un nouveau colocataire envahissant : Norman. Oui, encore lui. Je pense qu’on frôle le harcèlement à ce niveau. Le type ne lâche pas le morceau et semble prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut. Et aujourd’hui, ce qu’il veut, c’est embarquer Jesse dans l’opération "Tonnerre Mécanique".
Pour le convaincre, Norman sort le grand jeu et notamment son argument massue : une moto ultra-mystérieuse censée le "séduire". Une moto séduisante, c’est quoi cette histoire ? On parle de passion pour la mécanique à deux roues ou d’un fétichisme chelou pour les meules... il est décidément très bizarre ce Norman.
Mais attends, ce n’est pas tout ! Pour parfaire son offre, il lui propose en bonus une prothèse pour son genou, histoire de compenser son petit accident dans le désert. Et tout ça, gratos ! Grâce à un généreux programme de financement. Probablement une version améliorée du CPF, avec en option un bolide de science-fiction et une vengeance personnelle. Franchement, ça se refuse ? C'est beaucoup plus alléchant que tout ce que nous proposent ces connards à Dubaï pour gagner 2000 balles par mois en utilisant 2h par jour son téléphone. Et mon cul c'est du poulet ?
On poursuit l’aventure, et cela nous conduit tout droit dans le laboratoire secret de Norman. Enfin, "secret"... façon de parler, puisqu’il se trouve en pleine zone industrielle, dans un endroit bien lugubre. C’est le parfait coupe-gorge si tu veux mon avis, mais aussi, évidemment, l’emplacement idéal pour tout bon labo top-secret digne de ce nom.
Norman, lui, est aux anges. Il joue les guides touristiques, affichant un sourire béat et un regard pétillant, comme un gamin qui dévoile à son papa la construction merveilleuse qu’il vient de réaliser avec ses Lego. C’est touchant. Un peu pathétique, mais touchant. À mon époque, Norman aurait probablement été le président du club d’échecs ou le capitaine d’une guilde de joueurs de Magic, de mon collège. Bref, le prototype du puceau boutonneux. Tu vois le genre.
Le moment tant attendu est enfin là. Jesse découvre enfin le fameux engin, le "Tonnerre mécanique", LA moto ultime, celle qui nous a tant fait rêver quand on était gamin.
Jesse est décidément un homme heureux !
Sauf que... attends... c’est ça, Tonnerre mécanique ? Dans mes souvenirs, j’avais en tête une machine plus imposante, plus massive, même intimidante, un truc qui fait rêver les geeks entre le Faucon Millenium et la Batmobile, mais sur deux roues. Non pas qu’elle soit ridicule, mais elle ne me semble pas bien robuste. On dirait plutôt un truc entre un 103 SPX et une moto de course customisée par un ado bricoleur qui a collé des LEDs et des néons fluos en espérant gagner un concours de tuning sur M6.
Jean-Clément : "Ah le 103 SPX, la meule de mon enfance. J’en ai fait des virer avec la Bête et mes potes. J’te raconte pas le nombre de wheelings qu’on s’est mis en revenant du ATAC du coin, fûts de Kro sous les bras, direction la cabane dans les bois. Ah, et puis il y avait la Kimberley avec moi, tu sais, ma cousine. C’est sur la Bête qu’elle est tombée amoureuse, la grognasse. C’est un peu grâce à cette bécane qu’on a eu nos deux gosses ensemble, ça t’la coupe hein ?"
Ouh la, il ya beaucoup trop d’informations pour moi ici. Mon cher Jean-Clément, je vais être honnête avec toi : premièrement, faut vraiment qu’on discute de ton arbre généalogique. Deuxièmement, qui donne un petit nom à sa mobylette ? "La bête", sérieusement ? Et troisièmement, s’il te plait, arrête de me parler de ton histoire d’amour (je ne sais pas si on peut appeler ça comme ça). Merci pour le traumatisme !
Bref, revenons à notre épisode.
L’hésitation de Jesse disparaît rapidement. Il est convaincu dès qu’il voit la moto. Et c’est parti avec l’inévitable training montage (qui plairait sans nulle doute à nos camarades du Pitch Parfait), ce passage obligé des années 80 où un mec devient subitement un expert en quelque chose grâce à une série de plans enchaînés n’importe comment. Le montage enchaîne les fondus le tout sur une musique électro bien kitch.
Pendant ce temps, au commissariat, Sandy s’énerve car notre cher Jesse fait l’école buissonnière et n’a pas jugé bon de se pointer à son nouveau poste. Apparemment, il n’a pas encore bien intégré le concept de "réinsertion professionnelle". Il s’en tamponne royalement. Il faut dire qu’il a d’autres priorités, dont celle de tester sa nouvelle monture. Pas Sandy... hein... la moto ! Enfin, Sandy... peut-être pas dès le premier épisode si tu vois ce que je veux dire. En tout cas, pour l’instant, c’est la moto qui l’excite le plus.
Mais au-delà des sensations fortes et des pointes de vitesse qui décoiffent, Jesse n’oublie pas son objectif principal : découvrir la vérité sur le meurtre de son ami. Il décide donc de mener sa propre enquête, et met tout de même Sandy dans la confidence. Un choix audacieux, parce que la meuf vient tout juste de lui hurler dessus pour son absence. Il a toutefois raison, autant se mettre la collègue dans la poche, ça peut aider par la suite, d’autant plus s’il envisage un jour ou l’autre de remplacer les poignées de son guidon de moto par les couettes de la belle blonde.
La scène suivante nous propulse dans une demeure surprotégée, extrêmement cossue, avec piscine et bikinis au programme. Ah ça sent le cliché à plein nez du repère des méchants de toute bonne fiction qui se respecte, à l’instar de ce que nous avait proposé "Manimal" dans son premier épisode.
Un mystérieux type sort de sa voiture et avance vers l’homme en charge des opérations criminelles très probablement. Mais attends... ce visage... cette allure... Nom de Zeus ! Christopher Lloyd ?
Christopher Lloyd dans Tonnerre mécanique
Eh oui, notre cher Doc Brown de "Retour vers le futur" joue ici le rôle du méchant. Visiblement, il a troqué son convecteur temporel contre un trafic nettement moins légal. Mais ce n’est pas la seule surprise du chef ! L’homme mystérieux qui vient d’arriver n’est autre... qu’un flic corrompu ! Stupeur et tremblements ! On ne s’y attendait pas du tout, mais alors pas du tout. Quelle surprise ! Une série américaine où un policier s’avère être un traître ? C’est du jamais-vu. Je pense que dans les studios américains ça a dû se passer comme ça à une époque :
John-Michaël : Bon les gars, j’ai un souci, il me manque un twist de malade pour tenir les téléspectateurs en haleine. T’aurais pas une idée John-Roger ?
John-Roger : Pourquoi on ferait pas un truc sur le Vietnam ? Genre, le héros est un vétéran traumatisé et ça le hante tout au long de l’histoire ?
John-Michaël : Mouais... vu et revu. J’ai besoin d’un truc qui envoie du lourd ! Tiens, toi là, John-Dylan, le stagiaire, t’as une idée ?
John-Brandon : Euh… moi c’est John-Brandon, John-Dylan c’est l’autre stagiaire, celui qui roule des pelles à votre fille dans le placard à balais
John-Michaël : Quoi ? Qu’as-tu dit John-Scott ?
John-Brandon : Non rien… euh… pour votre scénario, j’ai une idée ! Et si… un des policiers, genre un collègue du héros, était en fait de mèche avec les méchants de l’histoire ?
John-Michaël : Mais OUI ! C’est brillant ! On fout tout le monde dans la police, et BAM, plot twist : l’un d’eux est un ripou ! Mais c’est du génie ! JE suis un génie !
John-Brandon : euh... mais... c’était mon idée !
John-Michaël : que dis-tu John-Jack ? Allez, file nous deux cafés et laisse les professionnels bosser.
Et voilà comment, à cause d’un pauvre stagiaire exploité, nous nous sommes retrouvés inlassablement avec le même rebondissement dans beaucoup trop de séries. Moralité : toujours se méfier des stagiaires, toujours !
Revenons à notre scène : Christopher Lloyd, qui campe ici le méchant dans toute sa splendeur, prend un malin plaisir à imposer son autorité. Il humilie le flic corrompu, renvoie sèchement une conquête qui avait eu le malheur d’exister un peu trop près de lui et, pour conclure, ordonne à un de ses sbires d’aller buter Jesse. Nom de Zeus !
Pendant ce temps, dans le laboratoire secret de Norman, notre scientifique préféré s’évertue à briefer un Jesse pas trop coopératif et plutôt taquin. On sent bien qu’il en a ras-le-casque des explications scientifiques de Norman et qu’il ne rêve que d’une chose : chevaucher "Tonnerre Mécanique".
Mais pas de répit pour notre pilote en devenir, car dès la scène suivante, il se fait attaquer par un mystérieux motard bien décidé à le transformer en passoire. Et là, suspense insoutenable... Va-t-il s’en sortir ? Bon, évidemment qu’il s’en sort. Ça reste le héros de la série, on n'est pas sur le pilote de "Game of Thrones", hein. Le mec a encore 12 épisodes à tourner, donc il va pas crever maintenant.
La scène suivante tente de nous montrer que notre Christopher Lloyd international peut aussi jouer les bad guys. Il s’en prend à nouveau au policier ripou qui était venu se plaindre. Mais il ne savait pas auprès de qui il était venu chouiner. Allez, ressaisis-toi mon grand, tu pleurniches auprès du mec qui a inventé le voyage dans le temps, qu’est-ce que tu crois ? Continue comme ça et il t’envoie direct en 1955 faire la rencontre du proviseur Strickland. Ah non ce n’est pas la bonne fiction. Désolé, mais je vois Emmet ici, pas un vil coquin qui tente de faire peur avec un tournevis. Vraiment ? Un tournevis ? Qu’est-ce que tu comptes faire, nous monter une étagère Billy ? T’as des actions à Brico Dépôt ou quoi ?
Menace au tournevis
Ça y est, on touche enfin du doigt ce qu’on attend tous depuis le début : la moto, le Tonnerre mécanique ! Ce n’est qu’au bout de 38 minutes et 48 secondes, très exactement, que nous avons enfin le plaisir de voir Jesse monter sur la super bécane. Et là, BAM, la fameuse musique électro des années 80 retentit, celle qui nous faisait vibrer quand on était môme. C’est beau, c’est nostalgique... Et c’est surtout pas trop tôt !
Alors oui, Jesse a l’air d’un ninja Wish dans son pyjama noir à rayures blanches, mais je suis heureux d’entendre à nouveau cette mélodie au synthé des années 80 et ce moteur ronronner.
De son côté, le réalisateur s’en donne à coeur joie à coup de cascades en slow motion, gros plans fétichistes sur la moto, Jesse qui cabre, Jesse qui prend un virage... Ça commence à devenir gênant, là ! On se croirait presque dans un vieux film érotique de la même époque. Attends... c’était diffusé quel jour, "Tonnerre Mécanique" ? Dis-moi pas que c’était le dimanche soir sur M6 après Culture Pub ? Oh non... NON... Ça voudrait dire que... je me... soulageais devant cette série ?
Non, impossible. Je refuse d’y croire. Je n’ai jamais fantasmé sur les courbes de cette moto, ses cylindres parfaits, son carénage luisant, son pot d’échappement chromé qui reflète les lueurs de la lune... Oh bordel. Qu’ai-je donc fait ?
Bon, tentons d’oublier tout ça et concentrons-nous sur la suite. Jesse profite de cette première sortie pour jouer les justiciers en arrêtant une bande de malfrats, l’occasion parfaite pour tester les gadgets de la moto : un rayon électrique et un "décollage vertical".
Alors oui, à l’époque, ces scènes devaient me scotcher à mon écran. Mais aujourd’hui, je vais t’éviter de revivre ça, c’est tout bonnement dégueulasse ! Les effets spéciaux ont vraiment mal vieilli, j’en ai encore la rétine brûlée.
Le lendemain, de retour à son boulot officiel, Jesse poursuit l’investigation pour retrouver ceux qui ont tué son ami. Il demande alors à Sandy de lui venir en aide. Cette jeune femme est vraiment sympathique car elle accepte sans ronchonner. Parce que franchement, elle aurait dû se poser deux secondes et se demander si c’était une bonne idée d’accepter sans broncher d’aider ce mec qui passe plus de temps à jouer à Casper plutôt qu’à faire de la paperasse. Résultat : son investigation la mène tout droit dans les bras du flic ripou. Bravo Sandy. Ça t’apprendra à être trop gentille.
Pendant ce temps, Norman décide d'envoyer Jesse en mission pour stopper un trafic de drogue. Petit souci : ce fameux trafic implique les mêmes méchants du début. Oui, ceux qui avaient déjà buté son pote. Quelle coïncidence incroyable !
Bref, c’est parti pour une course-poursuite épique ! Enfin... épique... façon de parler.
Parce qu’en réalité, il n’y a rien de trépidant. Ça traîne, c’est mou, on se fait clairement chier. À ce niveau-là, autant appeler ça une balade en scooter sur la nationale. Tu te doutes bien que les deux clowns, déguisés comme La Denrée dans "La Soupe aux Choux", se font choper comme des bleus-bites assez facilement. Tout ça pour ça !
De retour à la Batcave, Jesse commence à sérieusement perdre patience. Fini les politesses, place au coup de pression. Il veut des noms, des adresses, et surtout, il veut en finir une bonne fois pour toutes. Il bouscule un peu Norman, qui trouve l’adresse des méchants. Ni une ni deux, Jesse l’enferme, comme un gamin qui enferme son petit frère dans le placard de la chambre, et pique la moto. La vendetta personnelle est plus forte que tout, alors direction le repère des vilains, où tout le monde est au rendez-vous :
- Le flic ripou.
- Christopher fucking Lloyd, toujours aussi convaincant en savant fou... euh, pardon, en méchant impitoyable.
- Sandy, qui a réussi à se faire capturer comme une bleue et attend gentiment son sauvetage.
Ce qui est certain, c’est que le Jesse, il est chaud patate. Il défonce l’entrée, roule en mode kamikaze, tombe comme un con de sa moto, et commence à courir comme un lapin pour éviter les tirs. Attends... il n’a plus mal au genou le bougre. Il nous a pourtant bien fait chier pendant tout l’épisode avec sa canne et à râler pendant ses entraînements. Et là, plus rien !
Bref, retour à l’action : ça court dans le jardin, ça tire au fusil, ça se planque. Jesse, aidé par Sandy, réussit à se débarrasser de deux hommes de main. John McClane, je te rassure l’action n’est pas vraiment au rendez-vous !
Mais, Christopher Lloyd n’a pas dit son dernier mot. Il saute dans son pick-up noir, celui-là même qui a renversé le pote de notre motard préféré. Jesse enfourche Tonnerre mécanique, et en piste pour la dernière course-poursuite de l’épisode. Attention, les scénaristes ont décidé de nous en mettre pleins les yeux avec des sauts de moto, des dérapages et bien évidemment des flics qui se cartonnent entre eux car c’est bien connu dans ce genre de fiction, les flics ne savent pas conduire.
Le combat final est là : Jesse VS Emmet Brown. Et comme dans tout bon scénario fainéant, le méchant finit par se viander magistralement. Et ici, ça se passe au fond d’un ravin. Mais... attends... Ce n’était pas le ravin Clayton pourtant ? J’ai raté un épisode ou quoi ?
Et voilà, l’épisode touche à sa fin lors d’une conférence de presse assez gênante. Le patron de Jesse répond aux questions des journalistes et s’emmêle magistralement les pinceaux en tentant d’expliquer qu’il n’a aucune idée de qui est ce mystérieux justicier en moto, ce fameux "Tonnerre Mécanique". Et là... BIM, générique de fin.
Attends... QUOI ? C’est quoi cette fin de merde ?
Ça s’arrête comme ça, en pleine phrase, sans même prendre la peine de conclure. J’ai un bug dans mon fichier vidéo ou bien c’est réellement censé être une fin d’épisode ? Non mais sérieusement, c’était ça, un cliffhanger, en 1985 ? Un mec qui bredouille devant des journalistes, et hop, rideau ? Où est la tension dramatique ? Où est l’élément qui te pousse à revenir la semaine suivante en tremblant d’impatience ? Rien, nada, le néant absolu. C’est tellement sec que je me demande si le réalisateur n’a pas oublié de tourner une scène. En tout cas, la prochaine fois, mets-y la vaseline mon coco parce que pour le coup c’est assez douloureux !
Ce final pique les yeux. Mais au moins je suis fixé : pas besoin de revenir pour voir la suite.
De toute façon, tu t’en doutais déjà...
Alors, ça valait le coup de revoir Tonnerre Mécanique ?
Eh bien... oui et non.
Si tu es du genre nostalgique, que tu ressens un plaisir coupable devant les nanars télévisuels des années 80, et que tu es capable de fermer les yeux sur un scénario qui tient sur un post-it, alors oui, tu peux y jeter un œil.
Mais attention, prépare-toi mentalement, parce que le premier épisode de "Tonnerre Mécanique", c’est une sorte de cocktail explosif entre un film de série B mal monté, un épisode pilote bricolé à l’arrache, et une publicité mensongère pour une moto invraisemblable.
Les points positifs ?
- Une musique iconique, qui te replonge direct en enfance.
- Christopher Lloyd en méchant, parce que tout est toujours mieux avec Christopher Lloyd.
- Une moto qui, malgré ses effets spéciaux foireux, reste le vrai personnage principal de cette histoire.
Les points négatifs ?
- Une intrigue téléphonée sans grand intérêt.
- Un héros peu attachant, qui passe son temps à râler sur son genou avant de courir comme Usain Bolt dès que l’action démarre.
- Une fin à la truelle, qui donne plus envie de jeter sa télé par la fenêtre que de regarder l’épisode suivant.
En résumé ? "Tonnerre Mécanique", c’est du kitsch, du cheap et du plaisir coupable.
Alors, est-ce que je vais continuer la série après ce pilote ? Soyons lucide, tu sais bien que non !